Ados et médias sociaux. Quels sont les effets sur l’estime de soi et la qualité de vie des jeunes ?

Berge et Garcia (2009) ont publié un important rapport de recherche sur l’impact d’Internet sur la relation entre un parent et son enfant. Ce rapport identifie que les principales craintes des parents d’adolescents québécois sont d’abord les mauvaises rencontres, la pornographie, la dépendance (aux jeux ou aux médias sociaux), la diffusion d’informations intimes et dans les craintes les moins présentées, le relâchement de l’orthographe et les virus informatiques. Les parents identifient également avoir comme craintes l’éloignement de leur enfant. Effectivement, puisque les médias sociaux peuvent représenter un prolongement virtuel de certaines relations amicales, certains parents maintiennent comme craintes que les relations virtuelles remplacent les moments de qualité passés en famille. Face à ces craintes, le parent peut établir des limites avec son adolescent. Voici des exemples :

  1. Se mettre d’accord sur la durée du temps passé sur les médias sociaux et sur le type de contenu consulté.

  2. Afin de s’assurer que le contenu des sites et médias sociaux consultés par les adolescents est adéquat, certaines applications de filtrages sont disponibles. Ces applications permettent d’éviter la consommation de matériels désobligeants.

  3. Laisser libre accès au contenu consulté en laissant le parent avoir accès à l’historique des onglets vu sur le web.

  4. Laisser l’ordinateur dans une pièce où l’on peut voir ce qui est consulté est une autre possibilité.

Le plus important demeure de s’asseoir avec son jeune et d’avoir une discussion et une entente sur l’utilisation des médias sociaux en étant ouvert et flexible, mais informé et conscient des risques.

Édith Gosselin B.A., doctorante en psychologie clinique avec la collaboration de Sandra Guimond, M.Ps., psychologue et neuropsychologue

Références

Berge, E. G., Garcia, V., Bédard, M., Fortin, A., & Côté-Bouchard, S. (2009). Les effets des technologies Internet sur les relations entre les parents et les adolescents dans les familles québécoises.

Duggan, M., & Smith, A. (2013). Demographics of key social networking platforms. Pew Internet & American Life Project. Retrieved from http://www. pewinternet.org/2013/12/30/demographics-of-key-social-networking-platforms/.

Valkenburg, P. M., Peter, J., & Schouten, A. P. (2006). Friend networking sites and their relationship to adolescents' well-being and social self-esteem. Cyberpsychology & Behavior, 9(5), 584-590.

Vogel, E. A., Rose, J. P., Roberts, L. R., & Eckles, K. (2014). Social comparison, social media, and self-esteem. Psychology of Popular Media Culture, 3(4), 206-222.

Woods, H. C., & Scott, H. (2016). # Sleepyteens: Social media use in adolescence is associated with poor sleep quality, anxiety, depression and low self-esteem. Journal of adolescence, 51, 41-49.

Lorsque le parent constate l’importance des médias sociaux dans la vie de son adolescent, il pourrait avoir une discussion sur ce que cela représente pour lui et l’aider à se valoriser autrement que via les publications internet. Effectivement, lorsque le parent remarque que son adolescent semble retirer plus de valorisation de la publication de sa dernière médaille de judo sur Instagram que sa victoire elle-même, il devrait avoir une importante discussion à ce sujet.

Avec l’arrivée d’Internet, les médias sociaux ont pris de plus en plus d’ampleur dans la vie de tous les jours et ce, particulièrement dans la vie des adolescents. Effectivement, près de 90 % des adolescents utilisent les réseaux sociaux selon une étude de Duggan & Smith (2013). Vue l’importance de cette statistique, on peut s’interroger sur l’impact de l’utilisation des médias sociaux sur le mode de fonctionnement psychologique des adolescents.

Une récente étude de Woods et Scott (2016) s’est intéressée à l’impact de l’utilisation des médias sociaux (MS) sur différents déterminants du bien-être de l’adolescent tels que la qualité de sommeil, l’estime de soi, l’anxiété et la dépression. Les résultats de cette étude indiquent que les adolescents qui utilisent les médias sociaux et qui sont émotionnellement plus impliqués dans leur utilisation présentent une moins bonne qualité du sommeil, une plus faible estime de soi ainsi que de plus hauts niveaux d’anxiété et de dépression. De plus, l’utilisation des médias sociaux fait en sorte que l’adolescent se retrouve souvent confronté à diverses représentations visuelles de jeunes femmes et de jeunes hommes représentant de hauts standards de la beauté en société. Cette exposition augmente la quantité de fois où l’adolescent risque de se comparer (Vogel, Rose, Roberts, & Eckles, 2014). Lorsque l’adolescent se compare à la baisse, cela peut influencer négativement son estime de soi. Dans le même ordre d’idées, certains auteurs ont observé que les adolescents pouvaient recevoir des rétroactions positives ou négatives sur les publications qu’ils exposent sur les médias sociaux (opinions, photos, vidéos). Ces rétroactions peuvent influencer d’une manière néfaste l’estime de soi lorsqu’elles sont négatives (Valkenburg, Peter, & Schouten, 2006).