Le TDAH : prendre conscience des biais évaluatifs pour de meilleures pratiques cliniques - Sixième partie

5. Vers de meilleures pratiques

La précédente section a permis de mettre en évidence qu’il existerait plusieurs biais expliquant le phénomène de surdiagnostic du TDAH. Les professionnels en santé mentale apparaissent soumis à une forte pression pour poser ce type de diagnostic. Ils semblent coincés par de multiples influences émanant des sphères personnelle, méthodologique, sociale et culturelle. Il apparaît donc très important de prendre conscience de ces multiples biais affectant le jugement clinique. Comprendre que les biais font partie intégrante de notre mode de raisonnement cognitif est une étape nécessaire pour pouvoir remédier à leurs possibles impacts négatifs. La reconnaissance de nos propres préjugés est essentielle afin de pouvoir les surmonter.

Justement, comment utiliser la connaissance des différents biais affectant le processus évaluatif du TDAH, afin d’améliorer les chances d’effectuer un diagnostic qui reflète réellement la problématique vécue par l’évalué ? Je crois que la première étape est de débuter toute évaluation comme un processus de recherche. Je veux dire par là de prendre conscience qu’il faut émettre d’office quelques hypothèses diagnostiques et rechercher par la suite les indices me permettant de confirmer ou d’infirmer mes différentes impressions cliniques. Je crois nécessaire de chercher activement les informations contredisant ce que l’on pense, car le réflexe naturel de la plupart des humains est de tenter de confirmer ce qu’on souhaite être vrai et non ce qui est vrai ultimement. Cette recherche active de l’erreur est l’un des meilleurs garants de l’intégrité clinique.

Une autre stratégie serait d’utiliser des sources d’informations diversifiées. En utilisant un protocole d’évaluation du TDAH incluant : une anamnèse détaillée, des tests neuropsychologiques, des échelles comportementales et une évaluation psychologique, j’augmente les chances d’obtenir un portrait nuancé de la situation. Ces différentes données me permettront d’effectuer avec plus de certitude un diagnostic différentiel. Elles permettent de contextualiser et de situer dans le temps la problématique vécue par l’évalué.

Bien sûr, pour que l’interprétation des résultats s’effectue de la manière la plus objective possible, une analyse par convergence devrait être privilégiée. Je crois qu’il est nécessaire de bien évaluer de quelle façon les différentes données permettent de supporter une même hypothèse. Il est aussi important de pouvoir expliquer pourquoi certains résultats divergent des autres. Ces divergences sont un matériel de premier choix pour nous aider à percevoir des avenues cliniques qui n’auraient pas été prises en considération sinon.

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